Dans le cadre de la campagne nationale EXPORIP, le groupe local de Générations Futures a effectué un certain nombre d’analyses chez des riverains de parcelles agricoles volontaires.
La Campagne EXPORIP en Gironde
Cette campagne était l’occasion d’expérimenter un nouveau protocole de mesure, sans matériel de prélèvement coûteux, avec une simple lingette à passer sur une surface définie d’un vitrage de l’habitation. Les surface vitrées n’étant pas prévues pour retenir les pesticides, nous prenions le risque de ne rien trouver. Malheureusement, 100% des échantillons sont positifs…
Nos 4 prélèvements ont été effectués en Gironde en mai et juin 2021 à une distance de 3 à 30 m d’une parcelle de vigne, toutes les habitations étant « protégées » par une haie d’1 à 3m de hauteur. Les habitants n’ont pas observé d’infraction aux bonnes pratiques d’usage des produits phytopharmaceutiques par leurs voisins viticulteurs (vitesse du vent < 19 km/h, respect des ZNT).
Dimethomorph détecté à 100%
Ce fongicide de la famille des morpholines n’a pas été détecté dans l’air en 2019 par l’ATMO Nouvelle Aquitaine, mais nous l’avons retrouvé systématiquement sur les 4 vitrages de riverains de vignes que nous avons analysés.
Le Dimethomorph est classé toxique pour la reproduction et le développement par l’ECHA.
Le Dimethomorph est classé Perturbateur Endocrinien possible par TEDX.
Fluopyram détecté à 50%
Ce fongicide de la famille des benzamides a été détecté dans l’air du Médoc en 2019 par l’ATMO Nouvelle Aquitaine. Nous l’avons retrouvé dans 2 des 4 prélèvement effectués en Gironde.
Le Fluopyram est classé Cancérigène (PAN), possiblement toxique pour la reproduction et le développement (PPDB), possiblement Neurotoxique (PPDB).
Le Fluopyram peut provoques des troubles du fonctionnement du foie, des reins et de la thyroïde (Sage).
Le Fluopyram a un mode d’action type SDHI, et les données scientifiques sur les effets possibles sur les humains sont encore peu étudiés, même s’il y a de fortes présomptions que ce mécanisme d’action cellulaire soit également actif et impactant pour la santé humaine.
Conclusion
Il est pour nous tout à fait inadmissible que des riverains, notamment des enfants, adolescent⋅e⋅s ou femmes enceintes puissent être exposés en toute légalité à ce type de produits susceptibles de nuire gravement à leur santé, et à celle de leurs enfants à naître.
Ces analyses démontrent formellement que le cadre réglementaire et la charte mise en place par la chambre d’agriculture de la gironde sont tout à fait insuffisants pour assurer la sécurité des riverains face aux usages agricoles des produits phytopharmaceutiques (dénomination « greenwashing » mais « officielle » des pesticides).
La Presse en parle
- France 3 Aquitaine, le 19/20 du 26 novembre 2021. Aller à 2’50 ».
- France Info, le 27 novembre 2021.
Pour aller plus loin
- télécharger les résultats complets des analyses à Blanquefort, Castillon-la-bataille, Libourne 1, Libourne 2.
- bilan national de la campagne EXPORIP
- l’étude nationale Pesti’Riv menée par l’ANSES
- notre position sur la charte du « bien vivre ensemble en Gironde » pour déroger aux distances minimales
- en savoir plus sur les SDHI